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  • : le blog brunomagniez par : bruno
  • : Blog pour tous les passionnés du Brésil : actualités économiques, sociales et politiques.
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  • bruno magniez

CV

Bruno MAGNIEZ

 
Email : bmagniez@netcourrier.com

 

Docteur en Sciences Economiques

 

Thèse de doctorat Université de Picardie Jules Verne (octobre 2001) :

-          « La place du secteur informel dans l’économie brésilienne : une étude centrée sur le commerce de rue à João Pessoa »
- Thèse sous la direction de B.Lautier, Professeur Université de Paris-I, Panthéon-Sorbonne. Mention très honorable.

-          Jury de thèse : Philippe Hugon, Jaime Marques Pereira, Christian Azais, Bruno Lautier, Christian Palloix


 

Professeur de Sciences Economiques et Sociales


Recherche

4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 17:47

 

Nice, doméstica no Brasil

Un film de Armelle Giglio-Jacquemot

Film (67’) en portugais sous-titré en français.

DVD NTSC All zones

Prix des Rencontres internationales du film de chercheurs
(Lyon, Février 2011)

Sélectionné par les festivals :

Corsica.doc (Ajaccio, 2010) – II Festival do Filme Etnográfico (Recife, 2010) – “I MOVE” Mostra de Vídeo Etnográfico (Goiânia, 2010) – Mostra Audiovisual Fazendo Gênero (Florianópolis, 2010) – 14a Mostra Internacional do Filme Etnográfico (Rio de Janeiro, 2009) – Festival “Filmer le travail” (Poitiers, 2009) – Miradas Etnográficas (Buenos Aires, 2009)

Synopsis

Comme beaucoup de jeunes rurales de sa condition au Brésil, Nice a quitté son village pour s’employer en ville chez des patrons aisés. Elle est bonne à demeure dans une grande maison où elle vit confinée. Caméra à la main, la réalisatrice accompagne la jeune femme qu’elle connaît depuis plusieurs années dans l’exécution, au jour le jour, de ses tâches domestiques. Elle montre Nice au travail et on comprend les diverses dimensions de cette tâche : son caractère physique, fastidieux et répétitif ; son ampleur et sa variété ; la dépense d’énergie et la charge mentale qu’elle représente ; la maîtrise des techniques qu’elle suppose pour répondre aux exigences de propreté des employeurs. Elle met en lumière certains traits du ménage « à la brésilienne ».

Mais le film ne décrit pas seulement un travail souvent ignoré ou mésestimé. Il donne aussi la parole à Nice qui, passant du rire aux larmes, exprime son point de vue sur son travail et sa condition, livre son vécu de bonne à tout faire : sentiment de stagnation et de limitation, absence de valeur et de reconnaissance, mépris, gêne et responsabilité sont parmi les thèmes cruciaux qu’elle aborde durant le tournage des images du travail. Et parce que sa vie est aussi un peu ailleurs, elle nous entraîne par moments dans l’au-delà du travail domestique avec ses joies, ses projets, ses craintes.

Le film d’une ethnologue

« Durant les 67’ du film, je voulais que les spectateurs soient confinés comme Nice dans la grande maison où elle passe le plus clair d’une vie dominée par un travail harassant et asservissant, qu’ils ressentent sa solitude, son isolement, son sentiment de limitation et de stagnation, sa fatigue, suffisamment en tout cas, pour qu’il ne soit pas nécessaire qu’elle les en convainque par son discours mais que son discours vienne seulement confirmer et renforcer leur perception ou la mettre en mot. […]"

 

Entretien avec Armelle Giglio-Jaquemot

 

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Qu’est-ce qui vous a poussée à faire ce film sur Nice ?

 

Ce qui m'a profondément animée en faisant ce film, c'est la volonté de tirer Nice de l'invisibilité qui la frappe dans cette grande maison où - malgré toute l'énergie et le soin qu'elle déploie – l'utilité et même la réalité de son travail sont ignorées de ceux qui l'emploient, comme c'est le cas de la grande majorité des bonnes que j'ai vues travailler dans des familles brésiliennes depuis plus de 20 ans.

 

Comment avez-vous abordé le travail ?

 

Dans "Nice, bonne au Brésil", l'ethnographicité est le moyen choisi pour « rendre visible » Nice, pour fournir un accès authentifié à son travail, à son point de vue, à son expérience, qui, tout en étant singuliers, sont aussi partagés par de nombreuses bonnes, à demeure ou pas. Ce qui confère aussi au film une dimension sociologique.

Quel est le rapport avec le regard de l'ethnologue ?

 

En tant qu'ethnologue j'étais attachée à proposer un regard sur la réalité prise pour objet qui mettent l'accent sur la descriptivité et l'émicité qui sont, à mon sens, deux dimensions majeures du propos anthropologique en général.

A savoir, pour la descriptivité, un souci de description des actions qui passe par l'observation fine et prolongée des pratiques, des comportements, des gestes (observation préalable au tournage et qui représente un type de repérages particulier, à base d'anthropologie professionnelle et de séjours de longue durée, qui permet de mettre en valeur des aspects du réel de référence qui ne sont pas accessibles à un profane grâce à une connaissance approfondie de la réalité prise pour objet. Quand je filme Nice au travail (Nice que je connais depuis 6 ans à ce moment-là), j'ai en arrière-plan la connaissance préalable de son travail comme de celui de nombreuses autres bonnes et c'est cette connaissance préalable qui a orienté le choix du sujet. En d'autres termes, les repérages n'ont pas été effectués dans l'intention de faire un film, comme c'est souvent le cas dans les documentaires sans intention anthropologique, ils en ont été le préalable).

 

A savoir pour l'émicité, un souci de restitution émique de ces actions, c'est-à-dire une attention particulière portée au point de vue de l'acteur (ici Nice) qui exige, pour être appréhendé, le partage prolongé de son quotidien ou encore l'expérience d'une immersion qui seule permet d'accéder intimement à "sa vision de son monde", comme dirait Bronislaw Malinowski.

 

Mon point de vue d'ethnologue c'est aussi que descriptivité et émicité sont intimement liées dans la mesure où l'on ne saurait bien décrire les actions sans accéder d'abord au sens que leur confèrent ceux qui les réalisent et les vivent. C'est pourquoi j'ai aussi essayé de les lier dans le film.

 

Je pense que la descriptivité et l'émicité sont aptes à produire un regard singulier sur les réalités étudiées et à refléter une sensibilité particulière, et mon objectif (le défi) a donc été d'essayer de faire un film qui réussisse à les exprimer en images et en sons, c'est-à-dire de faire un film véritablement ethnographique, à mon sens (ce qui supposait que le discours filmé soit organisé et articulé autour de ces deux dimensions et par conséquent une série de choix opérés à toutes les étapes de la fabrication du film en vue de les faire passer, sur lesquels je ne vais pas m'étendre).

 

 

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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 17:32

Le Mondial de football en 2014, les jeux Olympiques en 2016 et, plus modestement, l'élection récente du candidat du Brésil au détriment de celui de l'Espagne à la tête de la FAO... A quand le siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU ? De tous les pays émergents, le Brésil est à la fois l'un des plus incontournables, compte tenu de sa géographie - plus de la moitié du continent sud-américain -et de ses richesses naturelles exceptionnelles, mais aussi l'un des plus improbables, compte tenu de son histoire. Le Brésil n'était-il pas condamné à rester pour toujours aux yeux de ses détracteurs « la puissance du futur » ?

 

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Cette vision est désormais dépassée. Derrière la reconnaissance du nouveau rôle mondial du Brésil, il y a bien sûr le miracle économique brésilien, une croissance presque « asiatique ». Mais cette réussite est le produit direct de la politique. Le Brésil a certes bénéficié de ses atouts naturels, mais il a surtout eu les bons dirigeants au bon moment, des hommes et aujourd'hui une femme, qui ont fait les bons choix stratégiques pour leur pays. De Fernando Henrique Cardoso (1994 à 2002) à Lula (2002 à 2010) et - il est certes trop tôt pour se prononcer définitivement, mais ses débuts ont été un sans-faute -jusqu'à présent Dilma Rousseff, le Brésil a expérimenté une continuité politique exceptionnelle. Chaque nouveau président a bâti sa politique sur la réussite de son prédécesseur, l'alternance centre-droit/centre-gauche de Cardoso à Lula garantissant modération et stabilité, a permis la définition d'un juste compromis entre le rôle de l'Etat et celui du marché.

 

Il serait, certes, dangereux d'idéaliser un pays qui connaît toujours un niveau de corruption, de violence et des écarts de richesse, tout à fait inacceptables. Un pays qui, de surcroît, tant en matière d'infrastructures que d'éducation, a encore un retard considérable à combler. Et pourtant le Brésil ne peut-il pas constituer pour le monde, et plus encore pour l'Europe, un miroir reflétant ses faiblesses tout autant que ses forces ? Il est difficile de comparer l'Union européenne, une construction hybride dans sa réalité actuelle, sinon dans son essence, à un Etat national unifié comme le Brésil. Mais la concordance des calendriers est frappante. L'Union européenne depuis la fin du mandat de Jacques Delors, en 1995, a-t-elle eu à sa tête les meilleurs dirigeants possibles, les équivalents de Cardoso et de Lula au Brésil ?

 

La réponse est bien évidemment négative et le même constat pourrait être fait également au niveau de grand nombre des Etats nationaux qui constituent aujourd'hui l'Union. Y aurait-il des cycles dans l'histoire politique des continents, le talent engendrant le talent et la médiocrité... la médiocrité ?

 

La réussite éclatante du Brésil, même si elle demeure encore fragile, est importante, non seulement pour ses habitants mais aussi pour l'ensemble du continent sud-américain, qui y voit une alternative aux tentations populistes « à la Chavez ». Elle fournit également la preuve, face au « défi chinois », que les modèles centralisés et autoritaires ne constituent pas la seule réponse à l'heure de la mondialisation et de la complexité. Des régimes démocratiques peuvent engager leur pays sur le long terme, à partir d'une vision stratégique du futur. La dictature du court terme n'est pas une fatalité des systèmes démocratiques.

 

Le succès du Brésil au cours des dix-sept dernières années n'est pas le produit du hasard. Il s'explique ainsi par le fait que ses dirigeants ont su d'abord réintroduire de l'ordre et une bonne gestion économique et sociale, puis saisir les opportunités que les transformations du monde lui offraient. Alors que le Mexique faisait le choix du continent nord-américain, le Brésil faisait celui du monde... de la Chine, de l'Inde, de la Russie et de l'Afrique du Sud.

 

Le prix Nobel de littérature mexicain, Octavio Paz, expliquait hier les raisons culturelles, religieuses, historiques de la réussite de l'Amérique du Nord et de l'échec de l'Amérique du Sud, la victoire du protestantisme individualiste sur le catholicisme rétrograde. Parlerait-il aujourd'hui face au déclin relatif des Etats-Unis et à l'émergence exceptionnelle d'un Brésil qui commence à tirer derrière lui l'Amérique du Sud, d'un début de rééquilibrage entre les deux continents ?

 

 

 

 

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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 17:25

Le Brésil a prévu d'investir 50 milliards de dollars au cours des dix prochaines années pour développer la filière de l'éthanol, dont il est déjà le premier exportateur mondial, a annoncé, lundi 6 juin, le responsable brésilien du secteur.

 

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La demande mondiale d'agrocombustibles et "la pression croissante de la société pour des énergies non fossiles" vont soutenir le développement du secteur au Brésil, a déclaré le président de la filière brésilienne sucre-éthanol, Marcos Jank, lors de l'ouverture du troisième sommet de l'éthanol à Sao Paulo. Il a souligné qu'à cette fin le Brésil prévoyait d'investir 80 milliards de reais (51 milliards de dollars) pour construire cent trente nouvelles usines au cours des dix prochaines années.

 

"AVOIR L'UNE DES SOURCES D'ÉNERGIE LES PLUS PROPRES DU MONDE" ?


Le Brésil est le premier exportateur mondial d'éthanol et le deuxième producteur mondial derrière les Etats-Unis, qui le produisent à base de maïs. Cependant, l'éthanol brésilien souffre de problèmes de "régularité dans l'approvisionnement et de stabilité des prix" et doit "devenir plus compétitif dans la chaîne productive", a souligné M. Jank. Le responsable a assuré que des "possibilités immenses de croissance" existaient sans provoquer de déforestation ni concurrencer la production alimentaire, deux des principales critiques faites à l'éthanol.

 

Le ministre des mines et de l'énergie brésilien, Edson Lobao, a annoncé de son côté la création d'un plan sur dix ans, qu'il n'a pas détaillé, pour encourager la production d'agrocarburants, ce qui permettra au Brésil "d'avoir l'une des sources d'énergie les plus propres du monde", selon lui.

 

D'après M. Lobao, grâce à l'utilisation d'éthanol au lieu d'essence dans les voitures brésiliennes depuis 1975, le pays a évité de rejeter 960 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Actuellement 13 millions de véhicules "flex" fonctionnent indifféremment à l'éthanol et à l'essence au Brésil. Au cours des dix dernières années, la part du pétrole comme source d'énergie y a chuté de 45 % à 37 % tandis que celle de l'éthanol a grimpé de 18 %.

 

 

 

 

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 20:25

Les pixadores, graffeurs acrobates de Sao Paulo mi-Yamakasi, mi-graffeurs, escaladent les grattes-ciels de la mégalopole brésilienne à leurs risques et périls, bombe de peinture coincée dans leur jean. La mission : signer de leur nom les façades des immeubles à coup de grandes lettres noires triangulaires… On les appelle pixadores, du nom de leur style de graffiti, la pixaçao. Ce n’est pas tant l’esthétique qu’ils recherchent, mais plutôt l’illégalité, la performance, et la prise de risque.

 

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Traqués par la police et détestés des autres graffeurs, les pixadores grimpent toujours plus haut pour affirmer leur identité. Aujourd’hui, leur style unique au monde fait partie intégrante de Sao Paulo. Mais ces pirates tiennent à leur indépendance : pas question de se voir récupérer par des galeries d’art.

Etymologiquement, en portugais, “pichar” veut dire “vaporiser”, mais l’expression “piche” signifie aussi goudron. La pixaçao désigne ainsi les traces faites avec cette substance. Selon Joao Wainer, réalisateur du documentaire “Pixo” projeté en 2009 lors de l’exposition “Né dans la rue, Graffiti” à la fondation Cartier, la pixaçao est née autour de 1982, à Sao Paulo.

 

 


Des jeunes issus des zones les plus pauvres, fans de heavy metal, reprennent l’esthétique de groupes comme Iron Maiden dans leurs tags. Ils créent ainsi une écriture inspirée des runes, l’alphabet à l’aspect anguleux des peuples germaniques anciens.“C’est intriguant de penser que cette écriture qui date de milliers d’années a ressurgi à Sao Paulo, à travers ses propres peuples barbares : les pixadores”, commente Choque, photographe et pixadore, dans un article de la revue culturelle brésilienne Caros amigos.

La forme des lettres s’explique aussi par le côté pratique
: certains racontent qu’ils doivent se contorsioner pour arriver à inscrire leur signatures, du haut de balcons situés à parfois 50 mètres au-dessus du sol. Dans ces conditions, et d’autant plus s’ils utilisent un rouleau de peinture, il est beaucoup plus simple pour eux d’avoir ce style triangulaire.


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Car les pixadores risquent leur vie à chaque nouveau tag. Seuls ou par petit groupe, ils escaladent les hautes façades des immeubles paulistes, de nuit, la plupart du temps. Sans aucune protection, ils passent par les escaliers de secours ou se hissent le long des gouttières pour graffer le plus haut possible. S’ils ne trouvent pas d’appui, certains groupes n’hésiteront pas à former des échelles humaines, qui peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur.


La performance peut tourner mal. Une nuit de juin 2010, deux jeunes de 20 et 23 ans s’aventurent sur une façade d’un immeuble du centre de Sao Paulo pour y réaliser leur pixo. A trois heures du matin, des policiers alertés par le voisinage les interpellent depuis une fenêtre. Paniqués, les deux pixadores font une chute de dix mètres, comme le montre ce reportage du JT de la chaîne TV Globo. [po] Bilan: un tag inachevé, une fracture de l’épaule pour un des pixador et des blessures légères pour l’autre, plus deux arrestations par la police. Ils auront été plus chanceux que Carlos Jefferson Da Silva [po], décédé en 2007 après une chute, alors qu’il taguait un immeuble de la banlieue de Sao Paulo.


Mais la pixaçao ne résume pas à la recherche de l’adrénaline et à la performance sportive. Souvent issus de milieux pauvres, nés dans la périphérie de la ville, les fameuses favelas, ces jeunes exclus veulent reconquérir l’espace public en imposant leur identité sur tous les murs de la ville. Comme les graffeurs new-yorkais avec le tag, ils se servent du pixo comme d’une signature, mais aussi comme un instrument de protestation politique. “La pixaçao reflète une structure sociale qui a failli. C’est une ville qui crie, c’est un avertissement”, explicite Gustavo Lassala.


Les pixadores sont les seuls à pouvoir déchiffrer ces messages codés : les écritures et les logos compliqués sont incompréhensibles pour le commun des habitants de Sao Paulo. Parfois, ces lettres mouvantes deviennent le seul langage écrit de ces jeunes: dans le documentaire de Joao Wainer, un pixador avoue être incapable de lire l’alphabet latin, mais comprendre couramment le pixo.


Entre les pixadores et le monde de l’art, c’est l’incompréhension qui règne. Les artistes plastiques considèrent leur mouvement comme du pur vandalisme, et les graffeurs se plaignent d’avoir de moins en moins de murs libres pour réaliser leurs graffitis. Les pixadores, eux, leur reprochent d’avoir accepté l’institutionnalisation et la commercialisation de leur art.

 

 

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 10:43

 

A quoi sert le G20 agricole ?

 

Le Brésil se montre intéressé par la proposition française de lutte contre la spéculation sur les matières premières agricoles mais souhaiterait que le G20 se penche également sur les subventions des pays riches à leurs agriculteurs, a déclaré mardi le ministre brésilien de l'Agriculture, Wagner Rossi.

 

« Il est intéressant d'analyser la spéculation pour voir si nous avons les moyens d'agir sur les marchés pour que ce ne soit pas un instrument de hausse des prix », a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse.

 

Ces derniers mois, les pays émergents, dont le Brésil et l'Argentine, avaient mis la France en garde contre toute tentative de limiter les prix agricoles.

 

Le Brésil appuie également la création, proposée par la France, de la création de stocks pour une aide d'urgence à des pays en crise.

 

Ces initiatives seront examinées la semaine prochaine à Paris lors de la réunion des ministres de l'Agriculture du G20, réunissant les grands pays développés et émergents, présidé en 2011 par la France.

 

Néanmoins, selon le ministre brésilien, « un seul instrument suffit à contenir la volatilité des prix agricoles : l'augmentation de l'offre d'aliments ».

 

M. Rossi a critiqué le fait que la réunion du G20 n'abordera pas les subventions des pays riches à l'agriculture mais a dit que son pays n'aborderait pas ce thème ouvertement.

 

« Nous ne parlerons pas des subventions chez les Français mais nous estimons que c'est un facteur de contention de l'offre et donc, d'augmentation des prix », a-t-il dit.

 

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Hier, mardi 14 juin 2011, à Bruxelles, le président français, Nicolas Sarkozy, a dit qu'il faudrait réguler le marché des matières premières à l'instar de ce qui a été fait avec les marchés financiers.

 

Le G20 agricole des 22 et 23 juin à Paris va remettre l'agriculture à l'agenda des grands de ce monde.

Il est vrai que la situation céréalière mondiale illustre l'ampleur des problèmes.

 

La campagne 2010-2011 qui s'achève a été marquée par une baisse de 70 millions de tonnes de la production céréalière mondiale (hors riz), surtout de blé et d'orge, avec un net recul des productions en Russie, Ukraine et Kazakhstan, du fait de la canicule estivale, mais aussi en Europe danubienne ainsi qu'aux Etats-Unis pour le maïs.

 

La demande mondiale, elle, a continué d'augmenter, avec des importations de précaution de pays craignant d'être contaminés par le "printemps arabe", des besoins accrus de maïs aux Etats-Unis pour satisfaire la montée en puissance du programme éthanol, et l'apparition de besoins chinois en maïs et blés fourragers pour les besoins d'une alimentation animale en plein développement.

 

Le résultat a été une forte baisse des stocks de fin de campagne, notamment chez les grands exportateurs comme les Etats-Unis (- 40%), la Russie (- 53 %), l'Union européenne (- 36 %).

 

Fort logiquement, les prix mondiaux se sont appréciés dans un climat de grande volatilité. Les prix du blé ont été multipliés par deux en un an sur le marché européen, les tensions ont été encore plus fortes pour le maïs et l'orge.

 

 

 

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Pour y remédier, la France propose la création d'un nouveau système d'information, à l'image de ce qui existe déjà pour le pétrole, qui serait hébergé par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). "Je souhaite que nous nous engagions dans ce nouveau système dès la réunion des ministres de l'Agriculture du G20 qui aura lieu la semaine prochaine à Paris et que l'Europe rattrape son retard en matière de partage d'information", a déclaré Nicolas Sarkozy.
                                   
La France a fait de la lutte contre la volatilité des cours des matières premières, y compris les produits agricoles, une des priorités de sa présidence en cours du G20. Outre une plus grande transparence sur les marchés physiques, elle prône une régulation des marchés financiers dérivés où ces produits sont traités. Même s'il a reconnu que les causes de la volatilité des prix agricoles faisaient débat, Nicolas Sarkozy a souhaité que des mesures soient prises sans attendre que les experts se mettent d'accord. "Je soujaite que les engagements qui ont été pris par les pays du G20 pour améliorer le fonctionnement des marchés dérivés, et en particulier des marchés dérivés pétroliers, puissent être étendus aux marchés dérivés agricoles", a-t-il dit.

 

 

 

 

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 10:40

 

Les 22 et 23 juin prochains, les ministres de l’agriculture des pays du G20 se réuniront à Paris à l’invitation de Bruno Lemaire, Ministre de l’Agriculture français.

 

 

 

En effet, la France a décidé d’accorder une priorité à la lutte contre la volatilité des prix agricoles sur les marchés mondiaux dans le programme du G20 qu’elle préside en 2011. C’est une excellente initiative car elle inscrit ou réinscrit l’agriculture au premier rang des enjeux internationaux. Mais la priorité du monde est aussi celle de la sécurité alimentaire, de la relance des financements de l’agriculture et de la définition des nouvelles politiques agricoles. Les instances de FARM ont demandé à Bernard Bachelier de faire le point sur ces questions. Il exprime sa position personnelle et formule trois propositions opérationnelles « accès au crédit agricole pour tous », « assurances contre les risques en agriculture » et « organisations agricoles performantes ».

 

 

 

Pour une lecture approfondie :  analyser l'article suivant : http://www.fondation-farm.org/IMG/pdf/e2011-05-24-g20agricole_light_fr.pdf

 

 

 

 

Egalement revoir la diffusion de Pièces à conviction sur France3

Mercredi 15 juin 2011 :  Alimentation : la bourse ou la vie ?

 

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Pain, farines, huiles, pâtes, biscuits et même viande… les prix ne cessent de grimper. Après l’envolée des cours du pétrole et de l’énergie, c’est au tour des denrées alimentaires de battre des records.


Depuis 2007 et la crise des subprimes, on spécule sur le blé, le maïs, le riz, le colza, l’orge et le soja. Toute la base de notre alimentation est devenue un produit financier comme un autre.


Mais ce n’est pas tout, désormais l’alimentation mondiale est aux seules mains de quelques multinationales. Elles imposent un modèle d’agriculture industriel, où les fermiers sont devenus les ouvriers de l’agro-business. Elles aussi participent à la flambée des prix et à la disparition d’une agriculture locale.


Près d’un milliard d’êtres humains souffrent de la faim, et pourtant toutes les denrées alimentaires ne sont pas forcément destinées à remplir des estomacs.


Une bonne partie des récoltes — blé, maïs, colza, soja, sucre — finissent dans le réservoir de nos voitures. Le meilleur exemple : 40 % du maïs nord-américain sert à fabriquer des agro-carburants !
Les investisseurs et les géants de l’agroalimentaire se sont lancés dans une course effrénée pour cultiver les millions d’hectares à travers le monde, afin de faire main basse sur les meilleures terres arables, en Afrique ou en Amérique du Sud.


Les équipes de "’Pièces à conviction" ont enquêté en France, en Afrique et en Amérique du Sud sur les vraies raisons de la crise alimentaire.

 

Revoir aussi cette vidéo d'Arte :

Vers un crash alimentaire, un documentaire de Yves Billy et Richard Prost diffusé mardi 2 décembre à 21h sur ARTE
Conjuguées au dérèglement climatique, les logiques économiques actuelles conduisent à brève échéance à une catastrophe alimentaire planétaire. Est-il trop tard pour inverser la tendance ?
www.arte.tv/crash-alimentaire

 

 

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 10:00

Le Brésil est devenu en 2010 la septième économie du monde, devançant l'Italie. Le géant sud-américain a enregistré une croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 7,5 %, la meilleure depuis un quart de siècle. Elle a été tirée par le secteur industriel (+ 10,1 %), notamment l'extraction minière, la construction civile et l'industrie de transformation. Suivent le secteur financier, l'agriculture, le commerce et les services.

 

La croissance s'accompagne d'autres facteurs favorables. L'emploi est en hausse de 3 %. La consommation des ménages a crû de 7 %, indice qui progresse pour la septième année consécutive. Cette expansion de la demande résulte de l'essor du crédit - notamment celui alimenté par les banques publiques soucieuses d'atténuer la récession due à la crise financière - et du gonflement des dépenses budgétaires par le gouvernement de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva dans la perspective du scrutin présidentiel d'octobre 2010.

 

L'actuelle présidente, Dilma Rousseff, s'est réjouie de la croissance, qu'elle a qualifiée de « raisonnable », jugement pour le moins modeste : en 2009, le PIB du Brésil avait reculé de 0,6 %. Mais la performance de 2010 peut être relativisée, lorsqu'on l'inscrit sur une plus longue période et dans un cadre mondial. Au cours des années 2000, la croissance annuelle moyenne du Brésil a atteint 3,6 %, contre 2,6 % au cours de la décennie précédente. Pendant la présidence Lula (2003-2010), elle a été de 4,1 %.

 

Ce dernier chiffre plaçait le Brésil au 16e rang mondial, loin derrière la Chine et l'Inde, mais aussi après d'autres pays sud-américains : Argentine, Pérou, Colombie ou Chili. La progression annuelle du PIB au cours de la décennie est aussi plus faible quand on la calcule par habitant : 2,4 %, soit tout de même plus du double de celle enregistrée lors de la décennie 1990.

 


La relative prudence de Mme Rousseff est légitime : elle sait que le Brésil ne retrouvera pas de si tôt un chiffre comparable à celui de 2010. Consciente des dangers d'une surchauffe, elle souhaite, pour les prochaines années, une croissance de 4,5 % à 5 %, moins forte mais « plus équilibrée ». Les experts la voient à 4 % pour 2011.

 

Un rythme de progression plus rapide serait « insoutenable », souligne Monica Baumgarten de Bolle, économiste à l'université de Rio. Laisser augmenter la demande sans accroître l'offre ne ferait qu'attiser un peu plus l'inflation, qui a atteint 5,9 % en 2010, au-dessus de l'objectif officiel de 4,5 %. A court terme, la hausse des prix, nourrie en partie par la flambée des cours des matières premières, reste la principale préoccupation d'un pays encore traumatisé par le souvenir de l'hyperinflation des années 1980.

 

Pour « refroidir » l'économie, Brasilia a amputé le budget 2011 de quelque 22 milliards d'euros. La banque centrale du pays, qui a déjà les taux d'intérêt réels les plus élevés du monde, a augmenté à deux reprises son taux directeur (11,75 %). Une nouvelle hausse devrait avoir lieu en avril.

 

A plus long terme, le Brésil doit soigner ses maux récurrents : la saturation de ses infrastructures, qui s'explique en partie par l'insuffisance de l'investissement, la faiblesse de l'épargne, le manque de main-d'oeuvre qualifiée liée à la médiocrité de l'éducation.

 

En 2010, l'investissement a fortement progressé (+ 22 %). Mais il ne représente que 18,4 % du PIB, six points en dessous du niveau souhaité pour tenir une croissance de 5,5 %. En comparaison, la Chine consacre à l'investissement 48 % de son PIB, l'Inde, 33 %. En matière d'éducation, le Brésil se situe au niveau du Zimbabwe, avec une durée de scolarité moyenne de 7,2 années. Et il est au 70e rang du classement de l'indice de développement humain des Nations unies, qui prend en compte la pauvreté et les inégalités sociales.

 

Prudence encore, le Brésil souffre d'un certain nombre de handicaps.

 

Immense et riche pays émergent, forte croissance, faible chômage, recherche main-d'oeuvre de qualité : ainsi pourrait-on définir sommairement le Brésil d'aujourd'hui, tandis que sa présidente, Dilma Rousseff, a lancé un ambitieux programme de formation des jeunes pour pallier l'une des grandes faiblesses de l'économie : la pénurie de travailleurs qualifiés.

 

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L'offre de bras et de cerveaux ne répond pas à la demande attisée par la croissance (7,5 % du produit intérieur brut, PIB, en 2010). Deux employeurs brésiliens sur trois disent rencontrer des difficultés pour recruter une main-d'oeuvre adéquate.

 

C'est particulièrement le cas dans les secteurs en pleine expansion : la construction civile, dopée par un ambitieux programme de logements sociaux et par les projets d'infrastructures liés à la préparation de la Coupe du monde de football (2014) et des Jeux olympiques à Rio (2016) ; l'exploitation minière, encouragée par la flambée des cours mondiaux ; celle de l'énergie, stimulée par les riches découvertes de pétrole et de gaz en eau profonde.

 

Le Brésil forme moins de 40 000 ingénieurs et architectes par an, mais l'industrie et la construction en demandent  60000. A l'inverse, par rapport à ses besoins, le pays produit trop de diplômés dans les matières littéraires et artistiques (20 000), et 10 000 psychologues.

 

Ces déséquilibres ont plusieurs effets néfastes. Ils réduisent la productivité du travail et la compétitivité des entreprises, contraintes de renoncer à certains projets, faute de pouvoir les mener à bien efficacement et en temps voulu.

 

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Ce livre de l'économiste Alexandre Barbosa de Freitas est une contribution importante à la compréhension du processus de formation du marché du travail brésilien. En embrassant une période historique qui va de l'esclavage à nos jours, le chercheur propose un aperçu en profondeur sur le sujet, expliquant et analysant les problèmes inhérents au processus de consolidation du salariat au Brésil.

 

 

 

 

Selon l'économiste Norman Gall, la compagnie d'Etat Petrobras utilise jusqu'à six fois plus de main-d'oeuvre que ses homologues étrangères pour compenser partiellement la pénurie d'ingénieurs.

 

Les grosses rémunérations versées aux salariés haut de gamme qu'on s'arrache alimentent l'inflation. Tout cela alourdit le « coût Brésil » des projets, déjà grevés par une fiscalité pesante, les lenteurs de la bureaucratie, une législation du travail complexe, rigide - quelque 900 articles dont certains ont valeur constitutionnelle - et systématiquement défavorable aux employeurs.

 

Une solution provisoire consisterait à accueillir plus d'étrangers hautement qualifiés. Le Brésil y rechigne. Cette grande nation chaleureuse se définit volontiers comme ouverte au monde et hospitalière. Mais cet autoportrait est plus juste en matière de tourisme que d'emploi.

 

Préférence nationale


Selon une étude publiée par la société d'analyse The Economist Intelligence Unit, portant sur le degré d'ouverture des trente plus grands pays, le Brésil n'arrive qu'en 23e position : le nombre d'immigrés légaux - 1 million - ne représente que 0,5 % de sa population (contre 2 % au Chili ou 4 % aux Etats-Unis).

 

Les gouvernants assument ce protectionnisme, au nom de la préférence nationale. Le ministre du travail, Carlos Lupi, défend l'idée qu'il n'est « pas possible de donnerdes autorisations de travail à des étrangers pour des fonctions susceptibles d'être exercées par des Brésiliens ».


Il préfère accepter que la pénurie se prolonge, plutôt que de la combattre en accueillant des contingents de professionnels dûment sélectionnés en fonction des besoins prioritaires de l'économie. En attendant, faute d'une politique globale d'immigration, les visas de travail continueront d'être accordés au coup par coup.

 

La présidente, Dilma Rousseff, est résolue à attaquer le mal à la racine. Elle a annoncé, jeudi 28 avril, que l'Etat financerait massivement un « programme national d'accès à l'enseignement technique » (Pronatec). Objectif : former 3,5 millions de nouveaux travailleurs d'ici 2014, dont 500 000 dès cette année. Sont visés en priorité les étudiants du secondaire public, les jeunes chômeurs et les bénéficiaires de la « bourse famille », l'allocation sociale versée aux familles pauvres.

 

Les cours seront donnés dans les établissements techniques. Cent vingt nouveaux centres de formation seront créés, et 3 000 enseignants recrutés.

 

Les secteurs visés figurent parmi les plus demandeurs : la construction civile, les services, notamment hôteliers, et les technologies de l'information. Avec, pour horizon, les deux grandes échéances sportives planétaires de 2014 et 2016.

 

 

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 20:13

La forêt amazonienne, poumon de la planète, a perdu au mois d'août 756 kilomètres carrés de bois, en grande partie à cause de l'abattage et les incendies qui s'en suivent. Cela représente plus du double de la superficie disparue au mois de juillet (113%), ce qui fait craindre le pire pour l'avenir de cette forêt immense.

L'année 2008 aura été particulièrement destructrice puisque la disparition des arbres y a augmenté de 229% - en comparaison avec 2007. Ces chiffres proviennent de l'Institut brésilien pour l'Environnement et la Gestion de l'Espace (INPE).

 

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La déforestation dans l'Etat d'Amazonie a augmenté de 27 % en un an, d'après les données mêmes du ministère de l'Environnement, revèle A Folha de São Paulo. Les observations du satellite Deter montrent qu'entre août 2010 et avril 2011, 1848 km² de forêt ont été anéantis, là où un an avant, durant la même période, 1455 km² d'arbres avaient disparu. La ministre, Izabella Teixeira, juge la situation "préoccupante" et à convoquer une cellule de crise, mais elle refuse de lier cette tendance avec la discussion sur le Code Forestier, qui devrait faciliter le droit des propriétaires terriens à exploiter les terres agricoles, et donc à couper les arbres. Le quotidien laisse au contraire entendre que "de nombreux propriétaires, sachant que le Code les amnistierait, ont anticipé le vote et déjà commencé à détruire la forêt". La discussion devait avoir le 11 mai dernier, mais a été reportée  en raison de la forte opposition des écologistes. Ils l'accusent de faciliter la déforestation sous couvert de protection de l'environnement.

 

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A ce rythme, la forêt amazonienne aura disparu d'ici 2030. Ce territoire, d'une superficie de 6,7 millions de kilomètres carrés, est la plus grande forêt tropicale du monde et la majeure partie de celle-ci se trouve au Brésil (environ 65%). Une crise qui s'accélère puisque plus d'un demi million de kilomètres carrés (un territoire aussi grand que la France) ont disparu durant seulement les vingt dernières années.

 

Le lobby agricole brésilien marque des points contre les écologistes, au grand dam du gouvernement, supposé protéger au mieux l'environnement, mais lâché par une partie de sa base parlementaire. Au terme d'un débat débuté il y a plus d'un an, la Chambre des députés a approuvé, mardi 24 mai, par 410 voix contre 63 et 10 abstentions, un projet de réforme du code forestier qui assouplit la protection des immenses forêts du pays, notamment en Amazonie. La réforme concerne, pour l'essentiel, deux mécanismes de sauvegarde de la flore : la « réserve légale » et les zones de préservation permanentes (APP).

 

 

 

 

La « réserve légale » est le pourcentage de la superficie d'une propriété rurale qui doit conserver sa flore d'origine. Cette proportion varie selon les régions et les types de végétation. Elle atteint 80 % pour la forêt primaire d'Amazonie, n'est que de 35 % dans les savanes d'Amazonie et de 20 % dans le reste du pays. La réforme prévoit de ne plus obliger les « petits » agriculteurs (possédant entre 20 et 400 hectares) à reboiser la réserve illégalement détruite.

Les APP sont les zones sensibles (rives des fleuves, bords des plateaux, etc.), qui doivent êtres préservées pour protéger les cours d'eau, stabiliser les marais et éviter l'érosion des sols. Un fleuve d'une largeur supérieure à 600 mètres doit ainsi conserver sur chacune de ses rives une bande de végétation primaire, dite « forêt ciliaire », épaisse d'au moins 500 mètres.

 

Les petits exploitants déjà installés dans ces zones ciliaires ne seront plus tenus de reboiser qu'une partie de ce qu'ils ont défriché. Au long d'une rivière large de moins de 10 mètres, par exemple, ils devront replanter des arbres sur une largeur de 15 mètres, et non plus de 30 mètres comme actuellement. Les plantations de vignes, de pommiers et de caféiers continueront d'être autorisées sur les coteaux. Plus symbolique encore : toutes les amendes encourues jusqu'en juillet 2008 par les déboiseurs illégaux seront suspendues.

 

Les députés du lobby « ruraliste » (agriculteurs et éleveurs) ne cachent pas leur satisfaction devant la perspective de pouvoir repousser les frontières agricoles. Pour le rapporteur du projet, Aldo Rebelo, un élu communiste, son texte ne fait que refléter la réalité du terrain : plus de 90 % des propriétés rurales du pays ne respectent pas les quotas exigés par la loi ; 600 000 km2 de terres devraient être replantées et ne le sont pas.

 

Colère des écologistes


La sénatrice Katia Abreu, chef de file du lobby rural au Congrès, souligne que la réforme évitera une destruction d'une partie des plantations existantes. Elle rappelle que l'agriculture et l'élevage n'occupent que 27 % de la superficie du pays contre 62 % pour les forêts, et que cette superficie exploitée a baissé de 10 % depuis 1995. La réforme suscite inquiétude et colère chez les écologistes. Ils la jugent trop permissive. « C'est un passeport pour la déforestation », tonne Paulo Adario, de Greenpeace. Sur les zones APP, jusqu'à 400 000 km2 de forêts ne seraient pas reconstitués.

Les experts déplorent de ne pas avoir été assez consultés. Les députés hostiles à la réforme accusent les grands exploitants de s'être cachés sous la bannière des « petits » pour défendre leurs intérêts. Ils regrettent que ce texte menace l'avenir à long terme de la forêt. Dix anciens ministres de l'environnement ont effectué une démarche commune en dénonçant la réforme comme un « recul ».

 

Le vote des députés est une défaite politique pour la présidente brésilienne, Dilma Rousseff. Pour la première fois, les élus de sa base « alliée », notamment ceux du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), le grand parti centriste auquel appartient le vice-président de la République, Michel Temer, ont contrarié ses souhaits.

 

Mme Rousseff compte sur le Sénat pour atténuer la portée de la réforme. Par fidélité à ses promesses électorales, elle rejette un élément capital du texte : « l'amnistie » des déboiseurs illégaux, mesure qui ne ferait qu'encourager de nouveaux « crimes » écologiques. Elle opposera son veto, dit-elle, à ce chapitre du texte, comme la Constitution le lui autorise.

 

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Cette affaire donne un mauvais signal à un mauvais moment. Après avoir beaucoup ralenti ces dernières années, la déforestation en Amazonie a connu une hausse brutale en mars-avril. Les déboiseurs clandestins auraient redoublé d'ardeur en anticipant la réforme. Le jour du vote, un militant écologiste, Joao Claudio Ribeiro da Silva, et sa femme ont été assassinés. Le couple avait reçu des menaces de mort d'éleveurs et de bûcherons. Ce double meurtre rappelle, après beaucoup d'autres, que les intérêts en jeu en Amazonie peuvent pousser certains jusqu'au crime.

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 13:31

 

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Le ministre des Finances, Guido Mantega, a déclaré mercredi 15 juin dernier que le risque que le Brésil ne parvienne pas à payer ses dettes est inférieur à celui des États-Unis."Pour la première fois dans l'histoire, le risque au Brésil est plus faible que le risque des États-Unis», a déclaré Mantega, a déclaré aux journalistes après le petit déjeuner avec le président et Rousseff gouverneurs des États dans le Nord-Est et du Nord, au Palais présidentiel.


Le ministre des Finances Mantega a évoqué le risque évalué sur le marché des Credit Default Swap (CDS), une sorte d'assurance utilisée par les investisseurs comme une couverture contre le risque que le débiteur soit incapable de rembourser leurs obligations.


Il a noté qu'il n'existe actuellement qu'un volume de plus de 70  milliards de dollars dans ce type d'opération.Selon les chiffres publiés aujourd'hui, le ministre a également dit qu'il était heureux  de ces nouvelles, ce qui "représente la force de l'économie brésilienne et la confiance des investisseurs sur le Brésil."

 

 

 

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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 18:25

Si le but pour la Chine est avant tout de s'assurer, au Brésil, une base pour son approvisionnement en ressources naturelles, une analyse plus détaillée montre la volonté des entreprises chinoises de s’implanter dans le tissu industriel brésilien.

 

 

 

Le Brésil, un marché prioritaire pour la Chine

 

 

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Selon l’étude "China Global Investment Tracker", réalisée par la fondation américaine Heritage Foundation, le Brésil est devenu, l’année dernière, le premier marché mondial pour les investissements directs chinois.

 

La Chine a investi, début 2011, plus de 30 milliards de dollars, dont 13,7 milliards pour la seule année 2010. Ce montant englobe 12,9 milliards de dollars (44%) d'investissements concrétisés, 8 milliards de dollars (27%) d'investissements annoncés, et 8,6 milliards de dollars (29%) en cours de négociation.

 

Destinés avant tout à assurer à la Chine une base pour son approvisionnement en ressources naturelle, ces investissements se concentrent principalement dans les secteurs de l’énergie, pétrole et gaz (54,7%), des minerais (22,3%), de la sidérurgie (11,8%), des Ports (3,4%), de l’énergie électrique (3,3%) et récemment le secteur de l’agrobusiness (achats de terres pour la production de soja destiné au marché chinois).

 

La récente visite en Chine de la présidente Dilma Rousseff, devra renforcer ce mouvement d’investissements chinois vers le Brésil. Cependant, une des priorités de la mission brésilienne a été de demander à la Chine d’investir plus lourdement dans le secteur des infrastructures, l’organisation de la Coupe du monde de Football et des Jeux Olympiques.

 

La volonté des entreprises chinoises de s’implanter dans le secteur industriel brésilien


En 2010, 3% des investissements effectivement concrétisés au Brésil ont été réalisés dans le secteur automobile, la production de machines, les secteurs de la banque et de la communication.

 

A ce titre, on peut saluer l’arrivée de Huawei, entreprise des télécommunications, qui détient aujourd’hui 50% du marché national brésilien des modems 3G et de Sany, spécialiste de la fabrication de machines industrielles.

 

Les trois principaux constructeurs automobiles chinois, Jac Motors, Cherry et Dongfeng ont annoncé récemment leur intention d’investir au Brésil dans des unités de production. Dès 2013, Cherry devra commencer à produire 50.000 voitures par an, dans son usine de Jacareí, Etat de São Paulo, pour atteindre les 150.000 unités dans le futur (investissement de plus de 420 millions de dollars).

 

L'entreprise taïwanaise du secteur de la technologie de l’information Foxconn, s’est engagée, lors de la visite de Dilma Rousseff en Chine, à injecter 12 milliards de dollars ces six prochaines années, pour l’implantation d’unités de production de tablets et autres équipements électroniques au Brésil.

 

« fusions/acquisitions », modalité d’investissement privilégiée des entreprises chinoises


Elles représentent environ 83% de l’entrée des capitaux chinois dans le pays. L’achat de 40% des actions de Repsol Brésil par Sinopec, géant chinois du secteur du pétrole et du gaz, pour un montant de 7,1 milliards de dollars en est un bon exemple.

 

Les "joint ventures" correspondent à 11,5% du total des investissements chinois au Brésil. Un exemple significatif est l’apport financier réalisé par China Development Bank, d’un montant de un milliard de dollars, auprès de l’entreprise de logistique LLX (acquisition d’équipements pour le Projet Superporto Sudeste).

 

Les opérations d’investissements dans des projets "greenfield"s (investissements dans des actifs d’infrastructures nouvelles), quant à elles, représentent 5,2% des opérations réalisées.

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