« Ces dernières années, ça a été assez facile et très profitable pour les spéculateurs de divulguer des chiffres complètement exagérés sur la taille de notre récolte. C'est absurde », s'est récemment insurgé le Conseil national du café brésilien. Les producteurs locaux sont partis en guerre notamment contre Terra Forte, l'un des principaux acheteurs brésiliens. Ils l'accusent de faire baisser les cours du café en prévoyant une production de café au Brésil (à 75 % de l'arabica) de 53,4 millions de sacs en 2013-2014, soit 174.000 tonnes de plus d'une année à l'autre. « Nous sommes quasiment certains que la récolte 2012-2013 n'excédera pas celle de 2013-2014, d'abord en raison de la sécheresse qui s'est installée juste après la floraison dans beaucoup de régions productrices, ensuite parce que la prochaine saison sera la moins bonne du traditionnel cycle bisannuel de l'arabica brésilien », assure le Conseil national du café, qui ne table que sur une production de 50,4 millions. Une année sur deux, le caféier connaît en effet une saison de rendement médiocre.
« Extrêmement sous-évalués »
L'agacement des planteurs est d'autant plus fort que le cours de l'arabica a chuté de 36,6 % en 2012, quand le robusta, plus généralement cueilli en Asie et en Afrique, a progressé de 8,2 %. L'arabica est revenu à son niveau de juin 2010, malgré un rebond de 7,7 % depuis son plus bas du 18 décembre.
Mais tout en se plaignant de la chute des cours, les producteurs brésiliens investissent massivement dans de nouveaux arbres, pour améliorer le rendement. La production pourrait donc augmenter de 6 millions de sacs dans les huit années à venir, ce qui « constitue un risque majeur de surapprovisionnement du marché », s'inquiète Rabobank, tout en restant optimiste à court terme sur l'arabica.
Idem pour Société Générale, qui juge les cours « extrêmement sous-évalués alors que les stocks sur l'ICE à Chicago sont historiquement bas, à 2,5 millions de sacs ». Mais l'offre mondiale reste encore très supérieure à la demande. Il faudra donc compter sur la Chine, qui n'a consommé que 120.000 tonnes de café, mais dont « la demande pourrait progresser de près de 40 % chaque année d'ici à 2015 », selon Barclays.