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  • : le blog brunomagniez par : bruno
  • : Blog pour tous les passionnés du Brésil : actualités économiques, sociales et politiques.
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  • bruno magniez

CV

Bruno MAGNIEZ

 
Email : bmagniez@netcourrier.com

 

Docteur en Sciences Economiques

 

Thèse de doctorat Université de Picardie Jules Verne (octobre 2001) :

-          « La place du secteur informel dans l’économie brésilienne : une étude centrée sur le commerce de rue à João Pessoa »
- Thèse sous la direction de B.Lautier, Professeur Université de Paris-I, Panthéon-Sorbonne. Mention très honorable.

-          Jury de thèse : Philippe Hugon, Jaime Marques Pereira, Christian Azais, Bruno Lautier, Christian Palloix


 

Professeur de Sciences Economiques et Sociales


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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 13:09
Brésil : véritable pays émergé ?

Parce qu'il y vit et qu'il enseigne à l'Université de Sao Paulo depuis plusieurs années, Hervé Théry a du Brésil une expérience profonde qui alimente son nouveau livre où l'approche géopolitique n'exclut pas des notations concrètes, sensibles et parfois savoureuses sur le pays et ses habitants. Cette publication complète ainsi d'une façon originale les études plus classiques, ouvrages, articles et atlas, que l'auteur avait déjà donnés à lire sur le géant latino-américain.

Le titre donne le ton et résume explicitement l'idée dominante. Plutôt qu'un pays émergent, le Brésil est aujourd'hui un pays émergé, c'est-à-dire qui, malgré ses problèmes, pèse lourd dans les affaires du monde et où la forte croissance d'une économie déjà diversifiée sert à l'amélioration effective des conditions de vie des habitants. Il était nécessaire d'en rappeler les structures principales. C'est l'objet de la première partie, consacrée aux fondements internes de l'émergence. Des thèmes traités dans des travaux antérieurs et ici actualisés, notamment la genèse historique du territoire, la population (le recensement de 2010 fournit maintes informations), les disparités régionales, on retiendra d'abord l'essor des classes moyennes. Beaucoup de Brésiliens sortis de la pauvreté et de la précarité accèdent à la consommation, pour eux toute nouvelle, de biens durables. Dans un pays naguère polarisé à l'extrême vers le haut et vers le bas, c'est un marché qui s'élargit pour les industries de transformation et surtout un facteur de cohésion sociale. Néanmoins, les inégalités restent très marquées, comme le disent de façon vivante les pages sur les conditions de vie des riches – le plan de l'appartement de luxe à Sao Paulo vaut tous les discours – et des pauvres – la photo d'une jeune femme montrant avec une discrète fierté sa carte de la Bolsa Familia est là aussi éloquente. De la politique volontariste conduite pour davantage de justice sociale, cette prestation versée à plus de 13 millions de familles, soit environ 50 millions de personnes, est la mesure la plus emblématique. Moins connue, du moins à l'étranger, est la discrimination positive pratiquée pour l'accès à l'enseignement supérieur, avec les ambiguïtés soulignées par les arguments pour et contre. Moins connue aussi et pour des effectifs heureusement limités, la persistance du travail esclave sur les marges pionnières. Hervé Théry a exploré le phénomène et met en évidence par les cartes les lieux que leurs activités désignent comme les plus vulnérables à ce fléau : belle démonstration que la géographie peut servir à faire la guerre… au crime, et donc à produire la justice !

La seconde partie de l'ouvrage s'interroge sur la place du Brésil dans le monde. Elle donne une large place aux représentations réciproques que se font les Brésiliens des autres pays et les étrangers du Brésil. Beaucoup d'informations précieuses, certaines peut-être trop liées à l'actualité du moment pour ne pas risquer d'être vite dépassées, d'autres qui montrent les tendances lourdes. Les thèmes abordés ne sont pas tous du même poids, et certains font l'objet de développements que les non-spécialistes de la chose trouveront disproportionnés. Ainsi en est-il de précisions peu utiles sur les procédures de la coopération universitaire avec la France, une fois noté, car c'est nécessaire, que cette coopération existe. Sans doute aussi peut-on regretter parfois une approximation – le PIB de l'Afrique est plus élevé qu'il n'est dit page 246 – ou un lapsus inversant ce qui voulait être écrit – le Paraguay n'est pas le premier partenaire commercial du Brésil (p. 234), c'est le Brésil qui est le premier partenaire commercial du Paraguay - ou encore une allusion trop brève à ce qui eût mérité une explication plus étoffée – le profane reste ainsi dans l'ignorance de ce qu'est exactement l'Unasur, rapidement mentionnée page 224. Ces broutilles ne doivent pas masquer l'essentiel : la montée en puissance du Brésil dans la mondialisation, clairement montrée dans les différents champs où elle s'exprime et aux différentes échelles où elle se manifeste. On apprécie que les relations du Brésil avec le monde ne soient pas examinées sous l'angle seul des rapports de forces économiques et politiques. Le soft power compte aussi, et inversement l'image que l'autre se fait de vous. Le Brésil en chansons pour reprendre un sous-titre du livre est ici particulièrement instructif, souvent drôle, émouvant parfois. Les ambitions du Brésil sont à la fois mondiales et régionales, si l'on prend le mot "région" dans le sens de macro-région continentale. Mais, dans cette affaire, le pays se situe dans la position paradoxale d'être à la fois du Sud et du Nord. En tant que du Sud, il défend les intérêts des pays pauvres dans les enceintes internationales telles que l'OMC. En tant que du Nord, il offre sa coopération aux pays d'Afrique noire tout en étant craint par ses voisins sud-américains pour sa position hégémonique. Le différend qui l'a opposé à la Bolivie quand celle-ci a attaqué les intérêts de la Petrobras est à cet égard éclairant, comme l'est aussi la rapide solution trouvée à l'amiable entre les parties. Les projections de son action et de sa diplomatie sont donc multiples : le monde bien sûr, mais plus précisément les autres BRICS, les pays lusophones, l'Afrique, l'Union européenne, le continent américain, les pays sud-américains. C'est donc bien une perspective géopolitique qui est ici analysée, et c'est l'occasion de dire la tradition brésilienne en la matière, d'abord des militaires avant que les universitaires ne civilisent la spécialité. L'articulation nécessaire entre les prétentions extérieures et l'aménagement du territoire à l'interne, thème longtemps cher aux géopoliticiens du lieu, reste d'actualité avec l'Amazonie, l'intégration sud-américaine (Mercosul et Unasur) et l'exploitation des ressources en mer.

Que ces aspirations à la puissance soient désormais le fait d'un pays où la démocratie s'est enracinée, voilà sans doute le fait essentiel dont nous instruit ce livre.

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 15:10

En théorie, accueillir la Coupe du Monde doit être, pour le Brésil, l’illustration éclatante de son rayonnement international. Le monde a d’ailleurs, depuis des semaines, les yeux braqués sur le pays du beau jeu, quintuple vainqueur du Mondial : campagnes de publicité, médias, marques et collections d’été se sont mises aux couleurs brésiliennes, sans lésiner sur les clichés. «Le football est un instrument du soft power particulièrement visible et populaire. Le prestige qu’il confère n’est pas agressif: la Sélection brésilienne domine, tout en suscitant l’admiration», expliquait récemment  Pascal Boniface, directeur de l’Iris.

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Pourtant, l’ambitieux leadership international que l’ancien président Lula a cherché à développer –et que l’organisation de la Coupe du monde en 2014 et des Jeux olympiques en 2016 était censé symboliser– a perdu de sa visibilité. «Quand il s’est porté candidat [en 2006 pour les JO, en 2007 pour le Mondial], le Brésil était dans une phase de grande affirmation de son développement et de projection à l’international», rappelle Yves Saint-Geours, ancien ambassadeur de France à Brasilia.

Une forme de révolution pour un pays-continent jusqu’alors très autocentré. Lula entamait un deuxième mandat triomphal. Sa politique de redistribution sociale (Bolsa Famila) faisait sortir des millions de personnes de la grande pauvreté, la croissance était au zénith, la confiance -l’arrogance diront certains- aussi.

«Aujourd’hui, les conditions économiques ont bien changé», souligne Yves Saint-Geours. Comme les autres grands émergents, le Brésil s’est fait rattraper par la crise, sa croissance est en berne et la fronde sociale qui a éclaté il y a un an (pour réclamer plus de moyens pour les transports, l’éducation et la santé), a resurgi ces dernières semaines, altérant l’image idyllique que les médias internationaux renvoyaient du pays il y a encore deux ans.

Dilma Rousseff et l’héritage de Lula

En dehors même de ces difficultés intérieures, la voix de la septième économie mondiale se fait-elle encore entendre à l’étranger ? Où sont les retombées (hors foot) du fameux soft power de Lula, président ex-métallo ultra charismatique, star du G20 et autres cénacles multilatéraux, adepte d’un monde multipolaire, du dialogue sud-sud et du rapprochement avec l’Afrique, sans cesse à l’œuvre pour réactiver le rôle de l’ONU, se poser en porte-parole des pays émergents et en médiateur, sans pour autant s’aliéner la sympathie des grandes puissances occidentales ?

Pour Christian Ghymers, économiste et président de l’Irelac, Dilma Rousseff, qui lui a succédé à la présidence, galvaude l’héritage:

«Grâce à son influence personnelle, Lula avait réussi à développer une vraie stratégie pour rendre le Brésil crédible sur la scène internationale.»

Son pragmatisme, estime-t-il, lui a permis de prendre ses distances par rapport au dogme du PT (Parti des travailleurs) et d’éviter par exemple l’affrontement avec les Etats-Unis, en «s’associant même avec eux au cas par cas comme pour l’accord de coopération dans l’éthanol, négocié directement avec Bush». Tout en affirmant son indépendance via la création de l’Unasur (Union des nations sud américaines) ou en flirtant avec les adversaires déclarés de Washington (quitte, parfois, à déraper).

En 2011, sans jamais cesser d’afficher son amitié avec son homologue vénézuélien Hugo Chavez, il a, selon de nombreux observateurs, discrètement aidé Ollanta Humala à accéder à la présidence du Pérou, puis l’a convaincu d’adopter le modèle Lula, plutôt que celui de la Révolution bolivarienne.

Christian Ghymers, qui rappelle que le budget de la Défense a augmenté de 30% pendant ses deux mandats (2003-2011), met aussi en avant l’habileté de l’ancien président pour garder la main face au puissant ministère des Affaires étrangères, «Itamaraty», Etat dans l’Etat constitué de «professionnels compétents mais dogmatiques», parfois accusés de privilégier une politique hégémonique à l’égard des voisins latino américains. Le commandement de la mission onusienne en Haïti (9.000 soldats brésiliens sur place depuis 2004) ou les tentatives de médiation en Palestine sont signées Lula, et non Itamaraty.

Moins charismatique et moins souple que Lula, Dilma Rousseff n’a, elle, pas pris de gants, en août dernier, pour virer son ministre Antonio Patriota, poids lourd d’Itamaraty, afin d’apaiser un incident diplomatique avec la Bolivie. «Mais elle n’est nullement parvenue à s’imposer face à cette superstructure», estime Christian Ghymers, imputant à l’influence d’Itamaraty les récentes mesures protectionnistes brésiliennes.

L’échec de l’intégration latino américaine

Bernardo Sorj, ancien professeur de l’Université fédérale de Rio de Janeiro, est, lui, bien plus sévère sur le bilan diplomatique de Lula lui-même, ne voyant dans Dilma que sa créature. Concernant l’intégration latino-américaine chère à l’ancien président,«ses initiatives n’ont pas du tout fonctionné. Le Mercosur [union douanière entrée en vigueur en 1995 regroupant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et, récemment, le Venezuela] est moribond alors que, parallèlement, la récente Alliance du Pacifique, qui va contre les intérêts du Brésil, est en plein essor.»

La plupart des analystes voient de fait dans cette Alliance libérale, fondée en 2011 par le Mexique, le Chili, le Pérou et la Colombie, une riposte au Mercosur, mais surtout à la puissance économique et démographique du Brésil, jugée parfois écrasante et trop protectionniste par les petits pays de la zone. Dominée par le Mexique, rival régional historique de Brasilia, cette Alliance progresse en outre très vite avec la signature début 2014 d’un accord de libre échange, l’adhésion en cours du Costa Rica et du Panama, et une Cour de pays observateurs dont la Chine, les Etats Unis et la France. De quoi venir irriter le Brésil dans son pré carré du Cône sud.

Quant à la coopération sud sud et à celle entre BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), «ce ne sont que des opérations de prestige qui ont surtout servi l’image de Lula, ajoute Bernardo Sorj, qui rappelle que «ni la Chine ni la Russie n‘ont besoin de l’avis du Brésil». Sans parler du siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, que le Brésil revendique depuis longtemps, sans succès jusqu’à présent, malgré une énergique pêche aux voix.

Brasilia au centre du jeu

C’est un fait, la première économie latino-américaine n’est pas encore le «global player» qu’elle rêve de devenir. De là à conclure qu’elle n’a pas, en 10 ans, affirmé sa présence à l’international serait absurde.

A cet égard, la réaction en septembre dernier de Dilma Rousseff au scandale des écoutes de la NSA (qui la visaient personnellement), est intéressante. Plus carrée, plus radicale sans doute que ne l’aurait été Lula (encore qu’il est difficile de croire que son mentor ne l’ait pas conseillée sur ce dossier), la présidente laisse aussitôt éclater son indignation, annule sa visite d’Etat à Washington, exige à la tribune de l’ONU «des excuses et des garanties», prône une réforme de la gouvernance du Web (sous domination américaine) et organise en avril dernier à Sao Paulo un sommet sur le sujet , NETMondial avec l’approbation de nombreux Etats dont l’Allemagne, mais aussi ses homologues des BRICS.

Il est trop tôt pour mesurer l’efficacité de cette initiative mais il est clair que le Brésil a résolument été à la manœuvre pour mettre les pieds dans le plat, entrainant à sa suite les grands émergents, face à Washington. Cette démarche antiaméricaine n’est pas exempte d’arrière-pensées électorales, mais elle a placé Brasilia au centre du jeu.

La diplomatie économique

Mais c’est sans doute via ses multinationales que le Brésil exerce le plus efficacement son influence. Le constructeur aéronautique Embraer, le groupe minier Vale, le leader mondial de la bière ABInBev, le géant de la viande JBS Friboi ou les conglomérats du BTP en sont autant d’exemples. Dans leur sillage, d’autres entreprises sont incitées à franchir les frontières, avec le soutien de la très puissante banque nationale de développement, la BNDES.

C’est par ce biais que Brasilia tente de s’imposer en Afrique, en y soutenant l’essor de ses groupes de construction (et d’hydroélectricité), notamment dans les pays lusophones. «Il n’y a qu’en Angola que cette stratégie a porté ses fruits», tempère Bernado Sorj. Le groupe Odebrecht y est d’ailleurs le premier employeur privé.

Certes, face au bulldozer chinois, le Brésil ne pèse pas lourd sur le continent noir, mais il progresse vite: en 10 ans, ses échanges commerciaux ont quintuplé, le nombre de ses ambassades est passé de 17 à 32, la BNDES a ouvert des bureaux à Johannesburg, la très dynamique banque d’investissement BTG Pactual y a créé un fonds d’1 milliard de dollars...

«Le plus grand pays africain du monde»

Avec des atouts culturels bien spécifiques ainsi résumés par André Clark Juliano, vice président du groupe de construction Camargo Corrêa :

«Par sa population, le Brésil est le plus grand pays africain du monde. Nous n’y allons pas avec un passé de pays colonisateur mais bien de pays colonisé.»

Une forme de soft power certes moins spectaculaire que du temps de Lula, mais qui semble bel et bien entré dans les gènes de cette démocratie de 200 millions d’habitants, un des seuls pays au monde à avoir défini ses frontières pacifiquement et à n’avoir jamais, en près de 150 ans, connu de conflit militaire avec ses voisins.

 

 

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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 14:38
La surdose de matches vous fait fuir ? La télé vous rattrape avec des programmes au goût sud-américain, mais sans crampons ni ballon.

Il n'y a pas que le foot dans la vie. Même au Brésil. Et même à la télé! Pendant la Coupe du monde, certaines chaînes jouent l'alternative: cuisine épicée, favelas en effervescence, paysages stupéfiants, chirurgie esthétique... Autant de programmes qui vous feront vivre à l'heure brésilienne, sans même avoir vu un stade! En voici une sélection.

Sur les toits de São Paulo

À São Paulo, le journaliste Morad Ait-Habbouche a pris de la hauteur. Loin des terrains de foot, il a installé sa caméra sur les toits et les terrasses de cette ville de 12 millions d'habitants qui incarne le nouveau visage du Brésil. En plus de vues exceptionnelles, le producteur de Sale temps pour pour la planète y a découvert toutes sortes d'installations luxueuses: hélipads, piscines, jacuzzi, jardins verdoyants et piste d'athlétisme... Coté favelas: graffitis et cerfs-volants, mais la même lumière en partage. (Mardi à 20 h 35 sur France 5).

Velo do Brasil

Pour les journalistes Raphaël Krafft et Alexis Monchovet, il n'y a pas que le foot dans la vie. Il y a surtout le vélo! Ensemble, en 2012, ils avaient sondé les Français et réalisé un premier webdoc, La Campagne à vélo. C'est par le biais d'un nouveau road trip cycliste qu'ils se proposent de brosser le portrait social du Brésil, en marge de la Coupe du monde. Velo do Brasil sera diffusé d'abord en websérie sur Facebook et YouTube, à partir du 2 juin, puis sur France 4. (Lundi à 20 h 40 sur France 4).

 

Alexis Montchovet (photo) et Raphaël Krafft dressent le portrait social du Brésil... en vélo!© PLAYPROD

 

Ma vie de femme ailleurs

À quoi ressemble la vie d'une femme au Brésil ? Quelle est sa place et quel est son rôle au sein de la société? À quelques jours du lancement de la Coupe du monde, Chérie 25 choisit d'éviter consciencieusement le ballon rond pour décrypter le quotidien de la gente féminine. Au-delà du culte du corps et de la chirurgie esthétique, Chékéba Hachemi part à la rencontre d'étudiantes qui oeuvrent pour l'évolution des mentalités dans ce pays. (Mardi à 22 h 15 sur Chérie 25).

L'assiette brésilienne

Au Brésil, la diversité des plats reflète le métissage du pays et la variété de ses régions. Grâce à L'Assiette brésilienne, série culinaire quotidienne présentée par Bel Coelho, l'un des chefs les plus célèbres du pays, les saveurs du Brésil n'auront (presque) plus de secrets pour vous. Recettes populaires, comme la moqueca (ragoût de poisson) et la feijoada (ragoût de porc au manioc et au riz), ou créations originales, vos papilles vous disent déjà obrigado. Bom apetite! (Du lundi au vendredi à 11 h 15 sur Arte).

 

Le chef étoilé, Bel Coehlo, prépare des coques de Florianopolis.ARTE

 

Sous la plage, les pavés

Dans Un oeil sur la planète, Étienne Leenhardt nous emmène loin de l'image de carte postale du Brésil. À travers quatre reportages, le magazine évoque les opérations de reconquête des favelas par les forces de l'ordre ; la colère des classes populaires et moyennes face aux dépenses exubérantes liées à l'organisation de la Coupe du monde ; la montée en puissance des églises évangéliques ; et la vie de ces Français qui tentent leur chance aujourd'hui au Brésil. (Lundi à 22 h 55 sur France 2).


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26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 15:24

L’Etat semi-aride du Ceara, où se situe Quixada, est habitué aux épisodes de sécheresse. Mais en 2012 et 2013 il n’a plu en moyenne que la moitié des précipitations habituelles, après une année 2010 déjà avare en eau.

Il faut remonter aux années 70 pour trouver une telle succession d’années de sécheresse. Dans l’ensemble du Nordeste brésilien, le manque d’eau a conduit le gouvernement à placer 74% des municipalités en situation d’urgence.

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La petite agriculturequi fait vivre 20% des familles à Quixada, est la première touchée. Au milieu des arbustes couleur de cendre, de rares vaches broutent ce qu’elles trouvent dans la terre poussiéreuse. D’après le syndicat local des producteurs ruraux, plus de 40% des bêtes ont été vendues de façon précipitée ou sont mortes de soif.

Lors d’une visite au Ceara déjà éreinté par la sécheresse, en avril, la présidente Dilma Rousseff a promis aux éleveurs 50.000 tonnes de maïs subventionné pour nourrir leurs bêtes. Mais les quantités promises ne sont pas au rendez-vous.

«Nous achetons ces grains à 18 réais le sac au lieu de 45 réais sur le marché (5,5 euros au lieu de 13). Mais à cause des difficultés logistiques et de la corruptionnous n’avons reçu qu’un tiers de la quantité annoncée», dénonce le président du syndicat, Francisco Fausto Fernandes.

Un exode rural moins important que par le passé

Si elle dévaste toujours les cultures et les troupeaux, cette sécheresse menace moins la vie des habitants que par le passé. La population bénéficie désormais de mesures d’accès à l’eau et d’aides sociales.

Francisco Felix Gonçalves, journalier agricole à Quixada, se retrouve en chômage forcé plusieurs jours par semaine à cause du manque d’eau. «Heureusement que nous touchons une assurance pour la perte de notre récolte et la Bolsa Familia (une allocation créée en 2003 pour les familles les plus pauvres)», raconte le jeune père de famille devant sa maison en torchis.

Derrière la maison, une citerne blanche à demi enterrée, financée par les autorités locales, a récupéré les pluies passées et fournit l’eau nécessaire à la cuisine et au ménage.

«Nous n’avons jamais autant aidé la population à vivre avec la sécheresse», assure le secrétaire à l’agriculture du Ceara, Nelson Martins. «Nous avons foré ou rénové 5.000 puits, lancé un programme d’aide à l’ensilage, creusé des canaux pour dévier certains cours d’eau...». Des camions citernes alimentent par ailleurs un million de personnes dans l’état du Ceara.

«Lors des sécheresses passées des agriculteurs affamés pillaient des commerces, rappelle le secrétaire à l’agriculture. Cette année on n’observe pas un tel phénomène.» Des vagues d’exode rural ont néanmoins été signalées dans l’état de Bahia et dans l’intérieur du Pernambuco.

«Quelque chose qu’on ne comprend pas dans le climat»

La situation risque de se compliquer encore si la pluie reste rare en 2014. «Le scénario n’est pas bon en ce début d’année, regrette le président de la Fondation de météorologie du Ceara, Eduardo Savio Martins. Si cela continue nous allons manquer d’eau dans les zones urbaines».

Le spécialiste s’avoue désemparé : «on ne s’attendait pas à une sécheresse sur le Nordeste ces deux dernières années car les eaux du Pacifique étaient froides. Il se passe donc quelque chose dans le climat qu’on ne comprend pas».

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 13:29

Un spectre hante l’été brésilien : l’invasion des centres commerciaux par la jeunesse descendue des favelas ou venue des périphéries. « Rolezinho », le terme utilisé par les jeunes, fait désormais la « une » de la presse et les titres des journaux télévisés.

 

Rolezinho au Rio Grande do Sul

 

Pas forcément situés dans les centres-villes, les « shoppings » sont les cathédrales de la société de consommation à l’américaine (aux Etats-Unis, on les appelle « mall »).

 

Au Brésil, ils ont un avantage avoué, la climatisation et la concentration de magasins, et un autre moins avouable : perpétuer la ségrégation sociale dans un espace protégé.

En décembre, des jeunes pauvres se sont invités dans ces temples de la religion consumériste à São Paulo, capitale économique du pays et vitrine de sa prospérité. Pour se rassembler, ils ont utilisé les réseaux sociaux, très prisés par les Brésiliens. La consigne était d’y faire un « rolezinho », un petit tour : pour faire du lèche-vitrine, entonner leurs raps préférés, courtiser les filles.

 

Certains analystes ont cru déceler l’influence des « funk de l’ostentation », ces bals des bidonvilles où les participants exhibent leur goût pour les vêtements et les articles de marque. La présence de ces jeunes détonnait dans les couloirs et dans les « places d’alimentation » des « shoppings » : pas uniquement à cause de leur esprit grégaire et bruyant, mais à cause de leur couleur de peau. En effet, ils étaient noirs ou métissés. Ils avaient transgressés les règles non écrites de l’apartheid social, qui réserve les centres commerciaux à la classe moyenne et aux privilégiés, c'est-à-dire à la minorité blanche (surtout dans le « Sud merveilleux »).

 

Raciste le Brésil ? Avec l’aval de l’éminent sociologue Gilberto Freyre (1900-1987) et du grand romancier Jorge Amado (1912-2001), les Brésiliens prétendent que leur nation est un paradis racial, un exemple réussi de métissage. Le mythe de la démocratie raciale a la vie dure.

 

Seulement, voilà, les faits sont têtus et la tradition orale est imprégnée de préjugés. Exemple classique de blague : si un Blanc court dans la rue, c’est un athlète ; s’il s’agit d’un Noir, c’est sûrement un voleur. Selon un dicton des tristes tropiques : « cada macaco no seu galho » (chaque singe sur sa branche). En d’autres termes, à chacun de connaître sa place, et s’y tenir.

 

Le « rolezinho » est justement un défi aux convenances et aux bienséances, qui expose le non-dit. Les commerçants et les policiers ont réagi à l’irruption des jeunes par la répression, sous prétexte qu’ils venaient pour dévaliser les magasins et leurs clientèles, et pour perturber l’ordre public. D’ailleurs, est-ce un espace public ou privé ? Bonne question. En tout cas, quelques juges leur ont donné raison, d’autres non, invoquant la liberté d’aller et de venir.

 

 

rolezinho

Sur un site d'extrême gauche : "Jeunesse du Brésil, unissez-vous dans les 'rolezinhos'... et occupez les 'shoppings', espaces publics qui sont autant à vous qu'à n'importe quel autre citoyen."

 

 

 

 

 Après les premières interpellations, certaines convocations aux « rolezinhos » ont pris une tournure de protestation, sans pour autant perdre leur caractère festif. Brasilia s’est inquiété, d’autant que le phénomène a dépassé le cadre initial de São Paulo, il est en passe de devenir une mode estivale à l’échelle du pays. Le souvenir de la fronde sociale de juin 2013 est encore frais. Pas question donc de provoquer un dérapage et de nouvelles manifestations l’année du Mondial et des élections (octobre), mais impossible aussi de se mettre à dos les classes moyennes. Comment contenter les uns et les autres, comment doser l’autorité nécessaire alors que la police constitue davantage un problème qu'une solution ?

 

Le dilemme du gouvernement de Dilma Rousseff est de taille. La « nouvelle classe moyenne », formée par tous ceux qui ont profité de la redistribution du revenu national et pris l’ascenseur social pour surmonter la pauvreté, est au cœur de la propagande gouvernementale. Le président Lula, ancien dirigeant métallo, avait exulté en annonçant que les Brésiliens appartenaient désormais majoritairement à la classe moyenne. Alors, ces jeunes pauvres qui ont pris à la lettre ce discours et s’invitent au festin, comment les rejeter et les renvoyer à la case départ ?

 

L’Abrasce, l’association qui représente 264 shoppings du Brésil, est prise de panique et demande à la justice d'infliger de fortes amendes aux indésirables et de filtrer l’accès aux centres commerciaux. Sur quels critères ? Au faciès ? A la couleur de peau ? A la désinvolture avec laquelle on porte les habits ? (Difficile, car les Brésiliens ne sont pas très élégants, surtout en période de canicule) Au fait de se déplacer en groupe ? (Mais c’est le propre de la jeunesse) Au langage argotique ? (Mais comment distinguer l’argot des diverses tribus urbaines ?)

 

L’urbanisation accélérée du Brésil, plus dense que celle de l’Europe, s’est produite au mépris de l’espace public. Si les jeunes de la périphérie rêvent de faire un petit tour aux shoppings, ce n’est pas seulement parce qu’ils regardent trop les feuilletons à la télévision ou les vidéoclips et qu’ils ont envie de rouler des mécaniques. C’est aussi parce que la ségrégation territoriale a été poussée jusqu’à l’enfermement des commerces et des loisirs. On n’y va pas forcément pour faire du shopping, mais aussi pour manger ou pour voir un film : il n’y a presque plus de cinémas hors de ces lieux clos.

 

Le symbole du centre-ville des années 1920, c’était la Cinelandia de Rio de Janeiro, lieu ouvert de convivialité et de mixité, où se retrouvaient haute culture et culture populaire, cinéma, théâtre et musique, expressions importées d’Europe ou des Etats-Unis et création locale, traditions et modernités. Bref, le contraire des centres commerciaux dont l’essor date des années 1980.

 

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31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 15:29

 

 

 

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 14:10

  C’est la lutte du Movimento Passe Livre (MPL) – Mouvement pour les transports publics gratuits – contre l’augmentation du prix des tickets de transports,  qui a declenché la vaste et impressionante mobilisation populaire au Brésil en juin dernier,  qui a mis des centaines de miliers,  sinon des millions,  de personnes dans la rue dans les principales villes du pays.   Le MPL a été la petite étincelle libertaire qui a mis le feu aux poudres.  Quelles leçons peut-on tirer de cette expérience et quelle est la portée sociale,  ecologique et politique de la lutte pour le transport gratuit ?

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          Le MPL a été fondé en janvier 2005,  à l’occasion du Forum Social Mondial à Porto Alegre,  comme un réseau federatif de collectif locaux.  Ces collectifs existaient depuis plusieurs années et avaient déjà méné des luttes importantes,  comme celle deSalvador da Bahia en 2003,  contre une élévation du prix des autobus.  La Charte de Principes du MPL (revue et completée en 2007 et 2013) le définit comme « un mouvement horizontal,  autonome,  independant,  non-partisan mais pas anti-partis ».  L’horizontalité est sans doute l’expression d’une démarche libertaire qui se mefie des structures et institutions « verticales » et « centraliséées ».   L’autonomie par rapport aux partis signifie le refus de se faire instrumentaliser par ces derniers,  mais le mouvement ne rejette pas la collaboration et l’action commune avec les organisations politiques,  notamment de la gauche radicale. Il coopere aussi avec des associations des quartiers populaires,  des mouvements pour le droit au logement, des reseaux de lutte pour la santé, et  avec certains syndicats (travalleurs du metro,  enseignants). Il voit dans le transport gratuit non une fin en soi mais « un moyen pour la construction d’une autre société ».   Petit,  le réseau n’a jamais dépassé quelques centaines de militants,  enracinés d’abord dans les lycées,  et plus tard,  dans certains quartiers populaires.  De sensibilité anticapitaliste libertaire,  les activistes ont differentes origines politiques :  trotskystes,  anarchistes,  alter-mondialistes,  neo-zapatistes ;  avec une pointe d’humour,  certains se définissent comme « anarco-marxistes punk ».  En novembre 2013 il a réalisé,  pour la prémière fois,  une Conférence Nationale à Brasilia– grâce au soutien financier de la filiale brésilienne de la Fondation Rosa Luxemburg -   avec la participation de 150 délégués,  réprésentant 14 collectifs locaux. Quelques résolutions ont été adoptées,  au consensus,  et un Groupe de Travail ,  composé de réprésentans des collectifs,  a été chargé de coordonner les initiatives,  respectant l’autonomie locale et « l’horizontalité ».  (Nous avons obtenu ces renseignements grâce à deux rencontres avec des militants du MPL à Sao Paulo,  Brésil,  en novembre 2013).

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             La méthode de lutte du MPL est elle-aussi d’inspirationlibertaire :  l’action directe dans la rue,  souvent ludique et isolente,  plutôt que la « négotiation » ou le  « dialogue » avec lesautorités.  Les militants ne fétichisent ni la violence,  ni a non-violence ; une de leurs actions typiques est le blocage des rues, au sons de fanfarres de musique,  en mettant feu à des pneus et à des « catracas ».   Ce terme,  intraduisible,  désigne au Brésil une borne métallique giratoire,  assez raide,  située dans chaque bus,  qui ne peut être traversé qu’après le payment du billet à un contrôleur.  Le symbole du MPL est une  « catraca » en feu…Il faut rappeller que le transport commun,  qui à l’origine était un service public,  a été privatisé dans toutes les villes du pays,  et appartient à des entreprises capitalistes aux pratiques mafieuses. Les mairies gardent cependant un contrôle sur le prix des billets.

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          L’intelligence tactique du MPL a été de se donner d’abord un objectif concret et immédiat :  contre l’augmentation du prix du ticket décidée par les autorités locales dans les principales villes du pays,   aussi bien celles gérées par le centre-droit que par le centre-gauche (le Parti des Travailleurs,  devenu social-libéral).  Refusant les arguments préténdûment « techniques » et « rationnels » des autorités,  le MPL a mobilisé des miliers de manifestants,  dûrement réprimés par la police ;  ils sont devenus des dizaines de miliers, et après,  des millions (au prix,  il est vrai, d’un certaine diluition politique),  et les pouvoirs locaux ont été obligées, dans la précipation,  d’annuler les augmentations.  Première leçon importante :  la lutte paye,  on peut gagner,  et faire plier les autorités  « responsables » !

          Tout en menant ce combat  pratique et urgent,  le MPL n’a pas cessé,  un seul instant,  d’agiter pour son objectif stratégique : le prix  zéro,  le transport public gratuit.  Il faut pour cela,  observe la Charte de Prinipes  « retirer le transport en commun du secteur privé en le plaçant sous le contrôle des travailleurs et de la population ». C’est ce que les militants du MPL apellent  « la perspective classiste » de leur combat.   C’est une exigence de justice sociale élémentaire :  le prix du transport est prohibitifpour les couches les plus pauvres de la population,  qui vivent dans la périphérie dégradée des grandes villes,  et dependent des transports communs pour aller à leur travail ou leur lieu d’étude.  C’est une revendication qui interesse directement aux jeunes,  aux travailleurs,  aux femmes,  aux habitants des bidonvilles,  c’est à dire à la grande majorité de la popuation urbaine.

          Mais le prix zero est aussi une démande profondément subversive et anti-systémique,  dans l’esprit de ce qu’on pourrait appeler la méthode du programme de transition  :  comme l’observe la Charte de Principes du MPL « nos démandes dépassent les limites du capitalisme et remettent en cause l’ordre existant ».  Elle est un bel exemple de ce que le philosophe marxiste Ernst Bloch appellait une utopie concrète.   Certes, il y a des villes,  au Brésil ou en Europe,  où cette proposition a pu être réalisée.  Des nombreuses études specialisées ont démontré qu’il est tout à fait possible de le faire sans pour autant grever le budget des administrations locales.   Il n’en reste pas moin que lagratuité est un principe révolutionnaire,  qui va à rebrousse-poil de la logique capitaliste,  pour laquelle tout doit être une marchandise ;  c’est donc un concept insupportable,  inacceptable et absurde pour la rationalité mercantile du système.  D’autant plus que,  comme le propose le MPL,  la gratuité des transports est un précédent qui peut ouvrir la voie à la gratuité d’autres services publics :  l’éducation,  la santé,  etc.   En fait,  la gratuité est la préfiguration d’une autre société,  fondée sur d’autres valeurs et d’autres règles que celles du marché et du profit capitalistes.  D’où la résistence acharnée des « autorités »,  qu’elles soient conservatrices,  néo-libérales,  « réformatrices », centristes ou social-libérales. 

 

 

          Il existe encore une autre dimension de la revendication du transport gratuit,  qui pour le moment n’a pas été suffisamment mise en avant par le MPL (mais qui commence à être prise en compte) : l’aspect ecologique.   Le système actuel,  totalement irrationnel,  de dévéloppement illimité de la voiture individuelle,  est un désatre à la fois du point de vue de la santé des habitants des grandes villes – des miliers de morts à cause de  la pollution de l’air directement provoquée par les pots d’échappement – et du point de vue de l’environnement.   Comme l’on sait,  la voiture est un des principaux emeteurs de gaz à effet de serre,  responsable de la catastrophe ecologique du changement climatique.  La voiture reste,  depuis le Fordisme jusqu’au jourd’hui,  la marchandise phare du système capitaliste mondial ; par conséquent,  les villes sont entièrement organisées en fonction de la criculation automobile.  Or,  toutes les études montrent qu’un système de transports collectifs efficace,  extense et gratuit,  permettrait de réduire significativement l’usage de la voiture individuelle.  L’enjeu n’est pas seulement le prix du billet de bus ou de metro,  mais un autre mode de vie urbaine,  un autre mode de vie tout court.

 

 


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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 11:58

Au Brésil, où 43% des terres agricoles appartiennent à 1% des propriétaires, la présidente Dilma Rousseff accélère l'application de la réforme agraire : ce vendredi 27 décembre, la cheffe de l'Etat a exproprié par décret des propriétaires de 92 exploitations agricoles. Des terres sur lesquelles seront maintenant installées plusieurs milliers de familles de petits paysans.  

 

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Au total, près de 2 000 km2 de terres agricoles ont été expropriées par Dilma Rousseff. Selon le ministère brésilien de l'Agriculture, 4 700 familles de paysans - jusqu'ici sans terre - pourront dès à présent les exploiter.

Sur les parcelles qui leur seront attribuées, les paysans vont notamment pratiquer l'élevage àpetite échelle, produire du lait ou cultiver des vergers. En contrepartie, les anciens propriétaires recevront en 2014 des indemnités équivalant à 83 millions d’euros. Une somme utilisée jusqu'à présent pour l'élevage extensif et qui sera versée par l’Etat.

Dilma Roussef veut redorer son blason

En signant le décret d'expropriation juste avant la fin de l'année 2013, le gouvernement de Dilma Rousseff tente de redorer son blason en matière de réforme agraire. Il y a quelques jours seulement, le Mouvement des travailleurs ruraux sans-terre avait violemment critiqué la présidente brésilienne pour son manque de volontarisme en la matière.

En effet, un seul autre décret d'expropriation avait été signé par Dilma Rousseff : c'était en octobre, et il n’avait bénéficié qu'à 160 familles de paysans.

ll y a quelques jours, un porte-parole du Mouvement des travailleurs ruraux sans-terre (MST) avait critiqué une "réforme agraire enlisée en 2013 au Brésil".

"C'est la pire année de la réforme agraire (...) A ce jour, seules 159 familles ont été installées (sur des terres) dans tout le pays. C'est une honte", avait dénoncé João Paulo Rodrigues, membre de la coordination nationale du MST.

D'après João Paulo Rodrigues, "le gouvernement est complètement otage du front parlementaire ruraliste (des grands propriétaires agricoles), le plus grand mouvement du Congrès national".

Le porte-parole a dénoncé également les inégalités de traitement entre l'agro-business et la petite agriculture.

"Pour vous faire une idée, le plan d'aide à l'agriculture familiale pour la récolte 2013-2014 représente un peu plus de 20% de l'argent qui est destiné à l'agrobusiness", a fait valoir le porte-parole.

D'après le MST, créé en 1984, il y avait en 2010 plus de 150.000 familles de "sans-terre" au Brésil, réclamant le droit d'exploiter des parcelles rassemblées pour l'instant en d'immenses propriétés.

D'après l'Institut national de statistiques, 43% des terres agricoles du pays appartiennent à 1% des propriétaires.

 

 
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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 17:17
Spectacle de cirque du Projet Âncora

Spectacle de commémoration de la Journée du Cirque (Projet Âncora)

[Les liens pointent vers des contenus en portugais]

Il y a 18 ans, une révolution s'est amorcée dans le système éducatif brésilien avec la naissance du Projet Âncora dans la ville de Cotia, dans l'Etat de São Paulo. Il s'agit d'un espace d'apprentissage, de pratique et de multiplication d'exercices de la citoyenneté visant à développer et à transformer la réalité de la communauté locale. Depuis 1995, ce projet sans but lucratif a déjà répondu aux besoins de plus de six mille enfants, adolescents et à leurs familles au moyen d'activités extrascolaires, telles que les cours de musique, de cirque, de théâtre, d'artisanat ou de cours professionnalisants.

Un vieux rêve s'est réalisé en 2012 avec l'inauguration de l'école Projet Âncora de Educação Infantil e Ensino Fundamental [équivalent de l'éducation primaire et de l'enseignement fondamental]. Inspirée des méthodes audacieuses de l’école da Ponteau Portugal, remettant en cause le concept traditionnel d'éducation et le modèle scolaire traditionnel prédominant dans le monde, l'Ecole du Projet Âncora poursuit “la philosophie éducative selon laquelle la connaissance de soi et les expériences sont les outils fondamentaux de l'apprentissage, lequel se construit à partir de l'élève, ses particularités et son passage de l'hétéronomie à l'autonomie”.

Près de 300 enfants et adolescents fréquentent l'école, organisée selon trois parcours parallèles : individuel, social et communautaire. Ce modèle innovant s'inspire d'une éducation démocratique et a été mis en place au Brésil avec l'aide du professeur portugais José Pacheco, connu dans le monde entier pour avoir pensé et rendu concrète l'Ecole da Ponte au Portugal, utilisant une méthodologie révolutionnaire. Marusia Meneguin, auteur du blog Mãe Perfeita [La Mère Parfaite] s'est enthousiasméeface à l'originalité de cette démarche :

Imaginez une école sans classe, ni horaires, ni examen. Un parcours scolaire décidé de façon consensuelle par les enfants et comprenant des matières comme le cirque ou la méditation. Il n'y a là ni liste d'appel ni notes, et les élèves comme les professeurs sont pourtant présents. Si l'on ajoute à cela que ces élèves sont issus de quartiers violents, et qu'ils ont été exclus de plusieurs écoles, tout ceci pourrait sembler bien utopique, jusqu'au jour où l'on rencontre la démarche de l'Ecole da Ponte.

Dans un entretien [sur le site du journal brésilien Globo] G1, Pacheco affirme que l'éducation au Brésil – dont le modèle ignore la contribution de Paulo Freire et d'autres grands pédagogues du pays – gaspille ses ressources et produit 30 millions d'analphabètes. En revanche, les résultats du modèle d'éducation alternatif sont visibles dans la communauté elle-même :

Les anciens élèves de [l'école] da Ponte [au Portugal], dont certains ont aujourd'hui plus de 50 ans, sont la preuve vivante de la bonne qualité de ce projet. Ce sont des êtres humains pleinement épanouis, avec un niveau élevé de conscience civique ; ils sont éthiques, entreprenants et solidaires. J'ajouterai que l'école da Ponte reçoit des élèves que d'autres écoles ont renvoyés, et elle les récupère. Un élève qui n'apprend pas dans une autre école, ou qui met K.O. son professeur dans une autre école, celui-ci a toute sa place à Ponte.

Campagne d'appel aux dons pour le projet Projeto Âcora

Campagne d'appel aux dons pour le projet Projeto Âcora. Légende : “Laissez à votre lion un visage d'enfant”.

Si l'école da Ponte [au Portugal] existe depuis plus de 40 ans, l'Ecole Projet Âncora au Brésil a moins d'un an, il faudra donc attendre encore un peu avant que les résultats ne soient visibles. Malgré tout, le projet a déjà attiré l'attention, insipant d'autres écoles et recevant la visite d'éducateurs venus de tout le pays. A la suite d'une de ces visites, Talita Morais souligne ce qui constitue la différence de ce modèle éducatif utopique : 

La grande différence du Projeto Âncora, comme dans l'Ecole da Ponte au Portugal, réside dans le fait que les enfants prennent conscience de travailler d'une façon collective, dans le respect et l'amour du prochain, et de l'autonomie de leurs parcours d'études. Ainsi, passant par ces niveaux – l'école n'est pas divisée en salles de classe ou en sections – les élèves deviennent de plus en plus autonomes dans leur apprentissage, choisissant la matière, la façon et le moment auxquels ils doivent apprendre tel contenu défini, avec l'aide et le suivi de professeurs et de tuteurs, employés par l'école ou volontaires au sein de la communauté. En plus de cette autonomie dans le choix de l'étude, ils prennent part activement aux décisions et à l'organisation de l'école, avec des assemblées hebdomadaires, redéfinissant les règles de l'institution.

Racontant une autre visite, le professeur Fernanda Rodrigues compare le projet Ponte avec les écoles traditionnelles :

Nous avons été reçu par une fillette de 11 ans, très maligne et communicative ! Elle a nous raconté qu'elle y étudiait depuis sa naissance et il était très net qu'elle ressentait une véritable fierté d'appartenir à Âncora dans son quotidien. Ses yeux brillaient et le profond sentiment d'appartenance que l'élève entretient avec toute l'activité de l'école s'en ressent nettement.

Nous y avons vraiment pris plaisir, car il est impossible de ne pas s'enthousiasmer pour cet espace qui, en plus d'être vaste, inspire l'Education dans sa grandeur. Nous avons pu assister à plusieurs scènes, peu fréquentes dans les écoles traditionnelles, comme ces garçons prenant soin de l'espace, ces cartables accrochés à l'entrée de l'école, ces murs avec les comptes-rendus des assemblées et plusieurs personnes discutant sans ce brouhaha typique et commun aux environnements scolaires.

Commnautés d'apprentissage du Projet Âcora à Cotia, dans l'Etat de São Paulo.

Commnautés d'apprentissage du Projet Âcora à Cotia, dans l'Etat de São Paulo.

La prochaine étape du projet consiste à étendre cette expérience au-delà des murs de cette entité et de la diffuser dans toute la ville, grâce à l'intégration des élèves aux “communautés d'apprentissage“. Une fois par semaine, les élèves doivent rendre visite aux espaces communautaires, tels que les centres de soin ou les églises, afin de traiter des questions locales et de discuter directement avec ceux qui résident dans ces communautés. Selon la formule de Pacheco, appelée “MC²”, – initiales de ‘mudança’ [changement] mis en oeuvre par contagion et en contexte – les enfants doivent s'approprier la réalité du lieu dans lequel ils vivent et chercher des réponses aux questions soulevées :

Les communautés d'apprentissage sont des mises en pratique communautaires reposant sur un modèle éducatif générateur de développement durable. Il s'agit d'étendre la pratique éducative du Projet Âncora au-delà de ses murs, impliquant activement la communauté dans la consolidation d'une société participative.

En octobre 2013, à l'occasion du dix-huitième anniversaire du Projet Âncora, João Carlos a déclaré que ce rêve devenu réalité “a atteint, depuis longtemps déjà, sa maturité”.

Il s'agit de la naissance d'un Brésil nouveau. Hourra !

Cher Pacheco, merci pour la révolution silencieuse qui est en cours au Brésil.

Du reste, les enfants ne sont pas les seuls à profiter de ce modèle révolutionnaire d'éducation. Rappelant la commémoration de l'anniversaire, l'éducatrice volontaire Johana Barreneche-Corrales réfléchit à l'importance des liens à la fois ludiques et affectifs entretenus parmi les professeurs, à une époque où les éducateurs manquent de temps pour partager leurs expériences entre collègues :

En somme, nous pouvons considérer que pour qu'un projet collectif réussise, il faut qu'un groupe se construise, et ce qui fait un groupe n'est pas tant le nombre de personnes qui le constitue que la force des liens entre elles.

L'équipe du documentaire Quando Sinto Que já Sei ["Ce moment où je sens que je le sais déjà"], film financé par le biais [du site de production participative] Catarse et dont le lancement est prévu au premier semestre 2014 a rendu visite à plusieurs écoles de l'éducation alternative en cours au Brésil, dont celle du Projet Âncora. L'objectif [de ce documentaire] est de soulever une discussion concernant l'éducation d'aujourd'hui au Brésil, explorant de nouvelles manières d'apprendre qui affleurent et se consolident, fondées sur la participation et l'autonomie des enfants.

Ce moment où je sens que je le sais

Affiche du documentaire “Quando Sinto que Já Sei” [Ce moment où je sens que je le sais"] sur le site participatif Catarse.

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 18:52

Parmi les manifestants de tout âge qui sont descendus dans les rues de Fortaleza, dans l'état du Ceara au Brésil, au cours des manifestations qui ont secoué le Brésil ces derniers mois, il y avait quatre journalistes qui filmaient, caméra au poing. Le résultat : un documentaire indépendant intitulé “Le vandalisme” et qui porte la signature du Collectif Nigéria.

Les médias traditionnels brésiliens souffrent d'une crise de crédibilité auprès des manifestants, mais les mass medias ont du dernièrement consentir un espace à la “masse de médias” venus de la rue. Les vidéos en direct, les transmissions “en live” de Mídia Ninja, sont devenues la voix officielle des rues, du nord au sud du pays. Néanmoins, ils sont peu nombreux à avoir réussi comme le documentaire ” Com vandalismo” la synthèse des différentes atmosphères durant les manifestations.

Cartaz do documentário Com Vandalismo na página de Facebook do Coletivo Nigéria.

Affiche du documentaire  ” Avec vandalisme” sur la page  Facebook de Collectif Nigéria.

Au travers de photos peu éditées et des longues séquences vidéo, ce film critique le discours habituel des média traditionnels, qui classent les manifestants entre “pacifiques” et “vandales”. Il cherche au contraire à comprendre les causes des événements plus que leurs conséquences. Le ton est donné dès le début avec cette question : ” Quel peut-être la motivation d'une désobéissance civile” ?

En ne se limitant pas seulement à couvrir les événements survenus à Fortaleza en juin et juillet dernier, ce documentaire fait une analyse du climat général des manifestation dans tout le Brésil pendant cette période. Il accompagne l'évolution de ces manifestations qui ont commencé par des protestations contre le retard dans l'attribution de cartes d'étudiants puis se sont transformées ensuite en revendications liées à des questions majeures  concernant l'éducation, la santé publique et la politique. Comme c'est arrivé dans d'autres états, quand le nombre de participants s'est accru, les divisions et les malentendus entre eux ont fait de même.

A la presse et à la police qui accusent les “vandales”, les réalisateurs opposent l'autre versant des choses, résumé par les slogans des manifestants : “ Le vandale, c'est l'État”. Ce film propose un contrepoint pour faire prendre conscience de sujets tels que les expropriations pour faire place aux chantiers préparant la Coupe du monde et la violence de la police militaire, entre autres.

Voici l'opinion sur ce film de Agência Pública, une agence indépendante d'investigation  [en] qui a déjà travaillé avec Collectif Nigéria :

Ce film est un portrait analytique réalisé dans le “feu de l'action” dans lequel le respect de la chronologie des faits, la variété des points de vue et des interviews, la sobriété des journalistes, ont permis de créer une grande fresque des manifestations de Fortaleza, très instructive pour ceux qui cherchent à comprendre qui est et ce que souhaite cette jeunesse qui est descendue dans les rues des capitales brésiliennes.

On peut visionner le documentaire sous-titré ci-dessous :

 

 

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